Le peintre français du début du vingtième siècle aura été, avec sa palette et ses pinceaux, le premier à mettre en image les territoires encore inconnus du Maroc profond.
Alors qu’il arrive au Maroc pour la première fois en septembre 1917, Jacques Majorelle reste quelques jours à Rabat, le lieu central et dynamique de la présence française. Décontenancé par l’intensité de la foule et affaibli par le climat océanique, il décide de se rendre à Marrakech. Le Maréchal Lyautey lui apportera toutes les recommandations nécessaires pour qu’il puisse s’installer sans difficultés dans la cité rouge qui deviendra l’écrin de sa longue vie d’artiste.
A peine deux semaines après son arrivée à Marrakech, il écrit à l’un de ses amis l’impossibilité de lui raconter « les filandreuses descriptions de cette ville surprenante dont je ne pénètrerai sans doute jamais la mystérieuse beauté ».
Le charme de la ville peu à peu fait son effet sur le jeune homme. Dans un autre courrier, deux mois après son arrivée, il relate ses impressions d’une éloquence assumée : « Dans ces rues, le soir, et dans ces souks, les yeux brillants, je reste ivre et frémissant, délirant sous la douceur des formes qui passent, de la lumière magique qui s’irise dans les gerbes de poussière que soulève la foule ».
Sans tarder il commence une série de tableaux qui seront exposés en 1918 à l’hôtel Excelsior de Casablanca. Cette première exposition lui vaudra l’éloge de la presse et l’attelage du titre de gloire qui ne le quittera plus : « Majorelle, le peintre de Marrakech ».
La première mise en valeur des kasbahs du Maroc
La suite de son séjour au Maroc se consacrera pendant de longues années à arpenter les montagnes et les vallées de L’Atlas. Après la vie mondaine de Marrakech, le peintre part alors à la découverte de la solitude et des contrées sauvages du Sud marocain encore insoumises au pouvoir central du Sultan. C’est devant ces casbahs sans âge que Majorelle développe ses nouvelles techniques de peinture qui feront date dont le procédé avec métaux où l’or et l’argent viennent se mélanger aux pigments pour rehausser les reliefs et les lumières. Son approche d’artiste se veut avant tout documentaire et lors de ses expositions en France ou au Maroc, les noms d’Aït Ben Haddou, Taourirte, Irounem et Anmiter dans la vallée de l’Ounila … résonneront pour la première fois aux oreilles des européens avant de devenir des décennies plus tard des lieux incontournables de visite.
Auréolé de succès, il décide en 1920 de s’installer définitivement à Marrakech, à l’orée de la palmeraie, en dehors de la médina où il demeurait et travaillait jadis. C’est là qu’il met son talent à construire un atelier et un jardin aux charmes féériques qui deviendront rapidement célèbres puisque dès 1928 l’ouvrage de référence, le « guide de Marrakech », recommandait la visite du lieu où s’admiraient aussi les « créations de cuirs d’art et de maroquineries fines fabriquées dans les ateliers de M. Majorelle ».
Sa maison et son jardin représentent le tableau de sa vie
En 1936, il fait construire une maison-atelier d’architecture nouvelle, sous inspiration des travaux de Le Corbusier. Il passe alors 22 ans à aménager son lieu de vie, villa et jardin, comme il aura peint chacun de ses tableaux. C’est d’ailleurs là qu’il mettra au point, en 1937, cette teinte bleue outremer qui portera son nom à la postérité, le bleu Majorelle.
Après sa mort en 1962, l’endroit sera préservé de l’abandon grâce à l’intervention en 1980 d’Yves St Laurent et de Pierre Bergé. Aujourd’hui connu sous le nom de « Jardin Majorelle », l’atelier du peintre abrite le « Musée berbère ».
Le Jardin Majorelle et son musée sont sans aucun doute l’un des lieux de visite le plus prisé par les touristes de tous les pays. N’hésitez pas à faire le détour
Pour plus d’informations, voir le site du Jardin Majorelle
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